Un peu d'histoire...
Classée « Monument historique » le 30 mai 1931, l’église est placée sous le vocable de saint Grégoire.
Cette église a été construite entre 1640 (voir la date au-dessus de la porte d’entrée à l’extérieur) et 1644 (voir la date sur la clé de voûte au-dessus du maître autel). L’auteur des plans est un Jésuite professeur à Embrun, le Révérend Père Léoutaud. L’entrepreneur est un Tallardien Michel Reyberet, « Coppeur de pierre, masson et architecte ».
Quand on voulut lui donner comme titulaire saint Grégoire on s’aperçut qu’il n’était pas canonisé. L’affaire était sans doute en bonne voie d’aboutissement à Rome car ce souhait fut rapidement accepté par le Pape Innocent X.
Les fonts baptismaux qui paraissent dater du XVIe sont encastrés dans le mur du clocher. A coté, une bannière représente St Grégoire. Elle a été offerte par souscription par les femmes de Tallard en 1840.
La nef centrale est ornée de six tableaux qui retra-cent la vie de saint Grégoire. Réalisés en 1743 par deux peintres Italiens Amadeo Grassi et Silvestro Millesi, ils seront restaurés en 1839 puis en 1987. Petit anachronisme, les vêtements du saint évêque sont du XVIIe siècle alors que celui-ci vivait au IVe siècle.
Les orgues
Au fond de l’église, au dessus du grand portail, se trouve une tribune sur laquelle les orgues étaient installées probablement en 1643.
La tribune menaçant de s’effondrer en 1930 les orgues furent descendues provisoirement derrière l’autel. Cette solution provisoire a duré. Les fonds destinés à la restauration des orgues proviendront en partie d’une tombola ainsi que d’une kermesse.
En 1934 un concert sera donné en l’église pour inaugurer cette restauration. Il y aura ensuite d’autres restaurations qui permettront à cet instrument de garder toutes ses fonctions. Les spécialistes s’accordent à dire que cet instrument date du XVIe siècle et qu’il serait alors un des plus ancien instrument subsistant dans le Sud Est.
La chaire réalisée au XVIIe siècle est en noyer. Elle est l’oeuvre d’un tallardien de nom inconnu et dont le travail est admirable. Détail important, la sculpture d’ornements sacerdotaux et d’objets de culte.
Les chapelles
De chaque coté du maître autel, se trouvent deux chapelles fermées par des grilles :
Celle de gauche, dédiée à saint Grégoire, mais appelée aussi chapelle du Sacré Coeur fut édifiée avec les fonds de la famille Saint Bartélemy au XVIIe siècle. Au-dessus de la porte un tableau re-présente un feu sur lequel brûle la châsse qui contenait les restes de saint Grégoire. Acte proba-blement de quelques hérétiques…
Celle de droite, sous le vocable de Notre Dame de Pitié, fut construite en 1854 sur l’initiative de Eudoxie Amat dont les armoiries sont visibles sur la clé de voûte. Elle finança les travaux dans leur intégralité . Seul le terrain fut donné par la commune. Pour décorer la chapelle elle fit appel au chanoine Pron qui réalisa vitraux et fresques. Elle en profita pour faire réaliser à ses frais, les trois vitraux du choeur de l’église. Cette église doit beaucoup à Eudoxie Amat qui a su mettre sa fortune au service de l’art.
Le buste de Saint-Grégoire
A droite du maître autel apparaît le buste de saint Grégoire. Jusqu’en 1793 ce buste était en argent. Il fut réquisitionné par l’État ainsi que tous les ustensiles en or et en argent de l’église pour être portés à la Monnaie afin d’y être fondus. Le vicaire, en l’absence du curé, prit soin auparavant de retirer les reliques du saint déposées à la hâte dans une boite en carton. En 1793, elles retrouveront leurs places dans le nouveau buste. Il existe un autre reliquaire de saint Grégoire en forme de bras. Il est exposé pour la fête du saint homme le 21 septembre lors du pèlerinage arménien. Le buste actuel en bois doré date du début du XIXe siècle.
Le sous-sol de l’église est une crypte dans laquelle reposent plusieurs prêtres ainsi que des familles. Pour avoir le privilège d’être enterrées dans ce lieu, ces familles avaient probablement rendu des services à l’église. A noter que la famille Saint Barthélemy a son caveau sous la chapelle qu’elle fit construire.
« Kha’tch-Kar », cette plaque de marbre a été offerte par Mr Takvorian au nom de la communauté Arménienne.
C’est une stèle funéraire, « Kha’tch-Kar », ou croix de pierre que l’on trouve traditionnellement sur les tombes en Arménie. Celle-ci est la réplique d’un spécimen du XIIe siècle, trouvé sur l’île d’Aghtamar. L’inscription se lit A’G’H’ TAMAR c’est le nom d’un monastère du Xe siècle implanté sur l’île.
Histoire de Saint-Grégoire
Grégoire naquit au IVe siècle, à Amnice ou Avnic sur les bords de l’Euphrate dans la Grande Arménie. Il y fut nommé évêque. En 363, les Perses envahirent l’Arménie. Les chrétiens, martyrisés, fuirent pour la plupart devant les persécuteurs.
Quelques évêques, dont saint Grégoire, partirent sur les routes. Leurs pas les conduisirent en pèlerinage aux Indes sur le tombeau de saint Thomas. Tout au long de ses pérégrinations, Grégoire eut le souci d’évangéliser les foules. Attaqué un jour par des barbares qui le jetèrent en prison, il parvint à soigner et guérir le fils du chef qui le remit alors en liberté. Grégoire reprit ensuite la route pour un nouveau pèlerinage à Jérusalem : sur le tombeau du Christ il tomba gravement malade. Une fois remis, il se tourna alors vers Rome pour rendre visite au Pape. Grégoire le rencontra et c’est sur son conseil qu’il décida de se rapprocher encore plus de l’occident. Le voilà alors parti pour les Gaules, où il rendit visite à saint Martin évêque de Tours dont la renommée était immense. Cette rencontre eut lieu vers 397. Heureux de s’être entretenu avec le saint homme, Grégoire envisagea enfin un retour vers son Arménie natale qui lui manquait après tant d’années d’exil. C’est à pied qu’il repartit, étapes par étapes, et en profita pour évangéliser les Gaules sur son chemin. Grégoire était vieux, fatigué, mais le désir de retrouver son pays le poussait vers l’avant. Son chemin passa par les Alpes vers l’an 402 et il fit halte chez l’évêque de Gap, son ami Saint Rémy surnommé « Remède ». Il y séjourna quelques temps afin de reprendre des forces. Cependant, un jour, l’évêque invita Grégoire à l’accompagner à Tallard pour y bénir une église.
Grégoire, charmé par le village et sentant ses forces le quitter, pensa qu’il ne pourrait continuer son voyage plus loin. Il décida donc de s’installer à Tallard pour évangéliser la population. Il ne ménagea pas sa peine qui finalement portera ses fruits. Mais l’usure et la vieillesse eurent raison de l’homme qui tomba un matin frappé d’une crise d’apoplexie sur les marches de l’autel où il s’apprêtait à dire la messe. C’était le 21 septembre 404. Il fut enterré à Tallard.
Les guerres de religions obligeront par la suite les Tallardiens à démolir leur église dédiée à saint Etienne et située hors des murailles dans le cimetière, celle ci servant de re-paire aux huguenots. La guerre terminée, les Tallardiens décidèrent de faire construire une nouvelle église sur l’emplacement de deux chapelles dont une était dédiée à saint Grégoire. C’est peut être de celle-ci que vient le grand portail central très ouvragé de style Renaissance. A noter, la date dans les entrelacs gothiques du linteau : 1549. Certains lisent 1149 mais comme l’a fait remarqué Joseph Roman historien, au XIIe siècle on utilisait les chiffres romains. Sur les monuments la date est en chiffres arabes c’est donc bien 1549. Depuis 1954, à l’initiative du curé de la paroisse le Père Richard Duchamblo, un pèlerinage réunissant les arméniens de la région a lieu toutes les années à la date de la mort de saint Grégoire. L’évêque était fort apprécié par la population, si bien qu’un culte spontané et populaire va naître autour de sa tombe. Il devint pour les Tallardiens « saint Grégoire », même s’il fallut attendre plus de dix siècles pour que Rome le canonise. Les reliques du saint homme sont conservées pieusement dans une chapelle.
HORAIRES DES MESSES À TALLARD
Messes à l'église Saint-Grégoire, rue Chevalerie, 05130 Tallard
Lundi, mardi et vendredi messe à 18h00
Mercredi messe à 9h00
Dimanche messe à 11h00
Pour toutes les autres célébrations un panneau d’affichage se trouve à côté de la porte d’entrée de l’église.
La paroisse de Tallard regroupe les villages de Sigoyer, Fouillouse, Chateauvieux et Venterol.
En dehors des offices, l’église peut se visiter.
Merci d’en respecter le silence et le recueillement et de ne pas pénétrer dans le choeur. Une tenue correcte est de rigueur.